mardi 27 mai 2008

IMF en grève

Mardi 27 mai 2008
L'IMF de Marseille a voté
la recondution de la grève pour aujourd'hui.

IMF en grève

Lundi 26 mai 2008


L'IMF de Marseille a voté

la grève reconductible
à compter d'aujourd'hui.

Appel à mobilisation

APPEL A LA MOBILISATION

L’impasse pour les étudiants en formation au travail social !


Suite au décret du 2008-96 du 31/01/08 relatif à la loi pour “l’Egalité des chances” du 31/03/06 imposant la gratification des stages de plus de trois mois, les étudiants en travail social se mobilisent nationalement afin d’être entendus par les autorités compétentes. En l’état actuel des choses, ce décret remet en question :
• Le principe de l’alternance et donc le bon déroulement pédagogique de nos formations. Nous essuyons des refus lors de nos recherches de stage à cause du manque de fonds débloqués !
• Le principe d’égalité entre les étudiants. Suivant nos statuts (étudiants, demandeurs d’emploi, salariés, apprentis,...) et notre niveau de formation, nous n’avons pas tous droit à la gratification, et nou sommes dorénavant pris en stage en fonction de notre “coût”plutôt que sur nos aptitudes !
• Ce décret est d’autant plus discriminatoire qu’il ne concerne pas les travailleurs sociaux de niveau de formation V et IV et le secteur public !
• Aucun engagement clair n’a été pris sur les financements des gratifications. Les propositions faites ne nous conviennent pas car elles risquent d’entraîner un rapport salarial avec les établissements et peuvent limiter nos libertés de choix de stage suivant les fonds de chaque strucutre !
• ET la gratification n’est pas une réponse adaptée à la précarité des étudiants et à l’accès égalitaire à la formation !

PAS de stage, PAS de diplôme.
Et toujours pas de réponses claires !
APPEL NATIONAL à LA GREVE GREVE
ET A LA MANIFESTATION !!!

Le Mardi 27/05/08 à 14h00

Devant la DRASS (rue Borde Métro Perrier) Marseille 13008.

Nous sommes tous concernés !
Etudiants/Professionnels/Formateurs/Lieux de stage
Mobilisons nous pour défendre nos formations !!!

A L'APPEL DU COLLECTIF PACA DES

TRAVAILLEURS SOCIAUX EN FORMATION

Nous revendiquons :
• l’application du décret dans tous les établissements sociaux et médico-sociaux du secteur public ou privé comme l’annonçait Mr X.Bertrand.
•l’application de la gratification pour tous les travailleurs sociaux en formation.
•La création d’un organisme tiers pour un financement équitable des gratifications.
• La création d’un groupe de travail avec tous les acteurs concernés.

Compte rendu de l'AG du 20 mai 2008

Présents :
25 personnes TSF et 2 professionnels
Croix Rouge Ollioules : 7 personnes ASS, ES
IRTS : 7 personnes ASS, ES
IMF Avignon : 3 personnes ES ASS
IMF Marseille: 8 personnes ES
Propositions ordre du jour et questions à traiter
- Compte rendu de la mobilisation nationale du 13 mai à Paris
- Compte rendu de la Coordination Nationale (CN) du 14 mai à Lille
- Tour de parole, point de vue, mobilisation de chaque école
- Organisation du Collectif PACA :
o Election de 2 représentants par école ?
o réunion/AG inter école qu’entre les différents représentants ?
o élection de 2 représentants du collectif PACA (pour coordination nationale, relais info…) ?
o création de groupes de travail ?
o mise en place d’une collecte (quel type) ?
- Mobilisation décentralisée du 27 mai suite à un appel national,
o Faisons nous grève le 27 mai pour aller tous manifester ?
o chaque école fait-elle la même action ?
o allons nous au CG ?
- Coordination nationale les 29 et 30 mai prochain à Lyon
- Exposition des différents points proposés à Lille et restant à voter dans chaque école pour la prochaine CN
- Proposons-nous Marseille comme lieu d’accueil pour la prochaine CN
- Appui des syndicats ?
Nous n’avons évidemment pas pu aborder tous les points. Le débat qui s’est alors produit bien que fort riche, ne nous a pas permis de statuer clairement : nous nous sommes quittés quelques heures plus tard sans avoir pu nous positionner clairement quant à nos revendications, nous nous sommes posés plus de questions que nous n’avons pris de décisions, ou n’avons trouvé de réponses.
Rapide et non exhaustif compte rendu des points évoqués :A propos de la manifestation du 13 mai à Paris : environ 4000 manifestants. Parcours : place d’Italie - Sorbonne. 3 Travailleurs Sociaux en Formation (TSF) reçus aux assises du travail social se tenant ce même jour à la Sorbonne. Au final ils ont été très bien été reçus, « nous vous soutenons, il ne faut pas lâcher » (sic)…Les membres de la délégation ont exposé comme prévu les constats et les trois revendications posés lors de la dernière coordination de Limoges, pas de dialogue ni de discussion avec les participants des assises car cela n’avait pas été convenu en CN. Si à l’intérieur de la Sorbonne les TSF ont reçu un certain soutien et ont été applaudis le reste des manifestants, à l’extérieur s’est fait « gazer » par les CRS.Dans le cortège de la manifestation, plusieurs revendications sont lancées, c’est un joyeux mélange de « oui », « oui mais » et de « non », présence de quelques masques blancs (cf mouvement des stagiaires « génération précaire ») également.
Les collectifs notamment CREATS (Rhône alpes) et ceux du Nord de manière générale sont très bien représentés et semblent très bien organisés également.A propos de la CN de Lille 14 mai (compte rendu en cours d’élaboration)Suite à l’exposition du compte rendu de Lille, le débat s’ouvre sur certains points qui posent question et ont fait réagir les membres de l’assistance.- Notamment un point voté en CN au sujet de l’importance de la cohérence des revendications en rapport à la manifestation nationale à Paris où les revendications ont fusé pèle mêle : « oui, oui mais, non ».
A été voté à Lille la décision suivante : lors des manifestations nationales les TSF se baseraient dorénavant sur les revendications prises lors des C.N à savoir pour l’instant le « oui mais », il n’empêche que chacun est en droit d’organiser des manifestations locales et dès lors de revendiquer ses propres positions.La C.N de Lille se base pour l’instant sur le « oui mais » : non application du décret en l’état/ égalité public privé, gestion des gratifications par un organisme tiers, respect du principe d’alternance des formations…> Questions posées par des participants de l’AG: le fait de se plier aux décisions des C.N pose problème, cela ne relève t il pas d’un fonctionnement étatique à la limite de la dictature ? Qu’en est il de l’expression des autres points de vue et revendications, pourquoi les partisans du « non » devraient ils, durant les journées d’action nationale, revendiquer le « oui mais » alors qu’ils n’adoptent pas cette idée?- Toujours en CN, il a été décidé d’une journée d’action pour le 27 mai au niveau local, sachant que ce même jour une délégation de TSF sera reçue par Mme Pécresse et Mr Santini à Paris.Un groupe de travail composé de TSF de l’IMF de Marseille et d’Ollioules s’est formé en fin d’AG pour organiser cette manifestation en PACA. Il a été décidé durant l’AG d’une manifestation régionale à Marseille, trajet et logistique en cours d’élaboration et à communiquer.Etat de la mobilisation dans les écoles :Ollioules : discours des formateurs et de la direction « il y aura des étudiants qui vont rester sur le carreau ». L’attitude de la direction est jugée par les TSF comme étant « hypocrite », la directrice a quand même défrayé les étudiants pour qu’ils se rendent ce jour à Marseille assister à l’AG. Certains étudiants sont très mobilisés et tentent de bloquer les cours. Les formateurs ne s’engagent pas officiellement. Les étudiants se sentent au final relativement seuls, mais la discussion va bon train notamment sur un point : « si un étudiant « reste sur le carreau, nous sommes tous solidaires ». Ce décret représentant un acquis ils ne comptent pas « rebrousser chemin ». Les étudiants de la Croix Rouge nous informent d’un rdv pris entre des directeurs des instituts de formation avec la DRASS le 21 mai.Le débat suit alors son court et plusieurs points sont abordés.La question de la mobilisation de nos collègues et des professionnels est posée ainsi que les modes d’action futurs. Au-delà et au cœur de cette question de la mobilisation se pose le problème de l’information : circule t-elle efficacement et est elle accessible à toutes les personnes concernées ? Sachant qu’il nous manque certainement également des informations.A ce sujet ne serait-il pas plus judicieux d’organiser des groupes de travail et d’avoir recours à des personnes expertes notamment en matière juridique, ne serait ce que pour éclaircir les zones d’ombre du décret ? Les avis divergent. Pour certains il faudrait que nous consultions des personnes plus au fait des lois, que nous demandions conseil auprès de personnes connaissant le « système », les « schémas ». A été cité l’exemple d’un recours à des juristes, mais a été mentionné derechef le fait que même ces derniers n’étaient pas au clair. Il s’agirait d’intellectualiser un tant soit peu notre mobilisation avant de foncer tête baissée dans des actions. Il en va de notre crédibilité. Il serait plus judicieux et cohérent d’être reçu par exemple en délégation avec un dossier fourni et intelligible. Si nous revendiquons par exemple un statut TSF : qu’est ce que cela signifie, que mettons nous derrière ces mots ? Il s’agit d’être au clair en ce qui concerne notre situation et nos revendications.Certains ne semblent pas être d’accord avançant le fait que nous pouvons très bien par nous même en nous basant sur nos propres connaissances et compétences tenter de centraliser les informations et réfléchir quant à la situation dans laquelle nous plonge ce décret et des recours dont nous pourrions bénéficier pour la faire évoluer en notre sens. Il ne faut pas s’en remettre de trop, ne pas trop attendre des professionnels ou autres experts. Confrontons dans un premier temps nos idées et discutons déjà entre nous des tenants et des aboutissants de ce décret, de l’impact des gratifications et de nos revendications pour prendre des décisions.Par contre l’idée de constituer un dossier recensant les lettres de refus de stage à éventuellement présenter en délégation devant des représentants semble partagée par tous. Il semble aussi important de se relier à des syndicats (appui logistique, et cela nous permettrait de toucher les professionnels).Comment pouvons nous susciter la mobilisation chez nos collègues et auprès des professionnels ? La question de la médiatisation de nos actions reste également à travailler.Nous mettons nous en grève ? Cela nous permettrait entre autre de mieux organiser la mobilisation en PACA, sachant que des écoles sont en grève depuis plus de 2 mois.Organisons nous un blocage des instituts de formation ? Un blocage serait-il intéressant et efficace ? Mettre la pression à nos collègues est il judicieux ? Gelons nous la formation ? Comment établir un rapport de force ? Faut il changer de message pour mobiliser un plus grand nombre ?Avant de proposer des actions de mobilisation encore faudrait-il se mettre d’accord sur des principes de base de la lutte, que revendiquons nous ? Peut être qu’avant de tenter de monter d’autres actions ou de voter quoi que ce soit serait il plus important que nous soyons justement plus clairs concernant le message que nous voulons faire passer. Ne serait il pas plus impactant de trouver avant tout un consensus, car au sujet des revendications et malgré les quelques échanges que nous avons depuis un mois nous ne sommes pas encore tous d’accord.Certains veulent parer à l’urgence, ne pas attendre, et arrêter de tergiverser car cela nous freine. Basons nous notamment sur le caractère opposable de la gratification (cf article ASH du 9/05). Le premier combat est le déblocage des fonds (or il parait à ce sujet que les fonds ont été débloqués, que les enveloppes sont là mais que les structures ne savent pas où aller les chercher), le deuxième celui de l’élargissement du champ de la lutte : précarité, inégalité, la question du statut… Ne mélangeons pas tout. Or pour d’autres faire le lien entre cette gratification et notamment l’ensemble des réformes qui sont entrain de passer dans le secteur social (CC 66, ordonnance 45…) semblerait plus efficace et fédérateur. Se baser sur le seul problème de la gratification n’est pas mobilisateur et ne nous donnera pas le soutien et la participation des professionnels. Que signifie ce « oui mais », comment pouvons-nous être d’accord avec la gratification ? Que signifie être gratifié : recevoir la charité ? Si nous disons oui maintenant, serons nous mobilisés plus tard pour continuer la lutte et réclamer un statut de TSF ? Ne vaut il pas mieux dire non et réclamer dors et déjà ce statut ?Pour certains il ne faut pas mélanger les combats pour d’autres il s’agit justement pour être entendus, avoir du poids et être cohérents de faire converger les luttes.Il nous faut voter en local les propositions établies lors de la CN de Lille avant la prochaine CN de Lyon le 29/30 mai. Dans ces propositions une d’entre elles risque de faire débat, l’essence en est la suivante : si un étudiant n’a pas trouvé de stage, il s’agirait de faire pression sur les instituts de formation pour que l’ensemble de la promo ne soit pas présentable au diplôme. (cf la phrase exacte dans le compte rendu de la CN). Il s’agit donc de bloquer la présentation des étudiants au diplôme. Au sujet de ces propositions à soumettre au vote en local il a été décidé que chaque école y procèderait en interne lors d’AG, la liste de ces propositions à donc été soumise à Ollioules. Nous pouvons également soumettre en interne un questionnaire proposant différents types d’actions possible : élaboration de groupes de travail, actions coup de poing etc….Lors de cette AG il nous a fallu procéder au vote, s’est alors encore posée la sempiternelle question de la représentativité des personnes présentes : qui sommes nous pour voter, de quoi, de qui, de quel droit sommes nous représentatifs ?Nous avons tenté cependant de voter, ou du moins de procéder à un sondage ne serait ce que pour avoir une idée des positions de chacun. (je ne suis pas sûre des chiffres désolée)-« Nous mobilisons nous le 27/05 : appel a la grève et manifestation ? » 22 mains levées- « Que revendiquons nous ? »- Strictement la gratification- Directement le statut TSF- La gratification puis le statut TSF » > majoritéEnfin la proposition de Marseille comme ville d’accueil de la prochaine CN reste encore à rediscuter, son acceptation dépendra sûrement du degré de mobilisation (gros effort de logistique à fournir), cependant l’idée a été alors émise quant à l’organisation, parallèlement à l’accueil de nos collègues, d’assises.

Réfléchissons sur l'avenir du travail social

Initialement publié sur : http://didier-z.blogspot.com/

Avec la parution du décret du 31 janvier 2008, relatif à la gratification et au suivi des stages en entreprise, et face à son inadaptation aux formations des travailleurs sociaux, une dynamique de mobilisation a vu le jour. De nombreux débats ont lieu actuellement dans les centres de formation. Ces débats se sont poursuivis sur internet et ont été riches par l'apport des réflexions des différents intervenants. A l'heure actuelle, les travailleurs sociaux en formation, étant en pleine recherche de stages pour la rentrée de septembre 2008, se voient pour la plupart, refuser toute demande, car les lieux d'accueil n'ont pas les garanties suffisantes de leur tarificateur d'obtenir les compensations à la prise en charge de cette gratification. Bien que dans une circulaire du 21 avril 2008, la DGAS prend partiellement en compte cette situation, elle n'apporte des garanties que pour les structures dépendant de son financement et celles dépendant du financement de la sécurité sociale. Par contre, nous n'entendons toujours pas parler d'égalité de traitement entre le privé et le public ni avec les autres formations du travail social de niveau V (aide médico-psychologique) et IV (moniteur éducateur). Aucune garantie n'est apportée quant à la situation des étudiants boursiers et/ou allocataire des ASSEDIC. Les régions, dépositaires de l'enveloppe des bourses risquent d'utiliser le système du vase communiquant entre la ligne budgétaire des bourses et celle des gratifications. En outre, laisser aux collectivités territoriales la gestion financière de ces gratifications induira une inégalité de traitement d'un département ou d'une région à l'autre selon leur orientation politique et la vision qu'ils ont de l'action sociale. Cette situation inquiète les travailleurs sociaux en formation sur le devenir de leurs professions.
A titre d'exemple très récent, je discutais avec le directeur d'une MECS (Maison d'Enfants à Caractère Social) qui me disait qu'il était allé voir le conseil général (CG) pour négocier sa dotation globale (financement de fonctionnement). Il avait inclue une ligne budgétaire "Gratification des stages". Le CG lui a rayé cette ligne. Quoi qu'en dise Monsieur Bertrand depuis son ministère et malgré sa demande au président de l'assemblée des départements de France d'inciter les CG à prendre en compte ces dépenses supplémentaires, sur le terrain ce n'est pas le cas. Ce même directeur m'a également dit que, ayant une éducatrice spécialisée partant à la retraite début septembre, le tarificateur lui avait proposé de convertir ce poste en points salaires afin de prendre en compte des apprentis et des stagiaires. Vous avez bien entendu, le tarificateur a proposé à ce directeur de convertir le poste d'une éducatrice spécialisée (donc une professionnelle) en postes d'apprentis et de stagiaires.
Au-delà de la problématique induite par cette gratification, il convient de profiter de ces débats et de cette dynamique mobilisatrice pour s'interroger sur l'avenir du travail social, depuis la formation jusqu'aux conditions d'exercice du métier.
Depuis 2002, le code de procédure pénale a été modifié par 40 lois et le code pénal par 30 lois. Cette activité législative exceptionnelle m'amène à m'interroger sur le but réellement recherché par notre gouvernement. Pour autant, cette frénésie sécuritaire n'a pas fait diminuer l'insécurité sociale. « Chaque nouvelle loi est votée en urgence, alors que la précédente vient à peine d'entrer en vigueur », commente le sociologue Laurent Mucchielli. En réalité, ajoute-t-il, « tout se passe comme si, paradoxalement, la lutte contre l'insécurité devenait moins un problème qu'une solution pour les pouvoirs publics : le moyen d'afficher leur détermination et de montrer qu'ils agissent » (1).
Face à ce constat, il convient de s'interroger sur nos choix de société. Ainsi, depuis le 15 avril 2008, la ministre de la justice, Madame Rachida DATI, a lancé la commission « Varinard », du nom de son président, André Varinard, Professeur à l'université Lyon III Jean Moulin. Cette commission a pour but de réformer l'ordonnance de 1945 relative à la délinquance des mineurs. Les syndicats de la protection judiciaire de la jeunesse, les associations de protection de la jeunesse et tous les professionnels de ce secteur ont été tenus à l'écart. Si une réforme de cette ordonnance est souhaitable, compte tenu de l'évolution de la société, cette réforme doit se faire en concertation avec les professionnels et ne pas remettre en cause la primauté de l'éducatif sur la répressif. Actuellement le gouvernement ne semble pas être sur cette voie. Va-t-on remettre en place les colonies pénitentiaires pour mineurs comme elles existaient avant 1945 ?
Soulignons aussi la criminalisation de l'action sociale auprès des personnes les plus en difficulté : je pense notamment à Catherine Bernard, assistante sociale à Solidarité Femmes de Belfort, qui a été interrogée, le 17 juillet 2007, par la police des frontières et placée en garde à vue. Il lui était reproché de ne pas avoir donné l'adresse d'une femme ne possédant plus de titre de séjour mise à l'abri par l'association. Madame Bernard a spécifié qu'elle ne pouvait donner ces éléments car elle est soumise au secret professionnel. En répondant à la demande des policiers, elle aurait commis un délit ! Elle n'a finalement pas été poursuivie mais cela révèle bien les pressions qui s'exercent sur les travailleurs sociaux venant en aide aux plus démunis.
Actuellement est également remise en cause la convention collective de 1966 qui régit les travailleurs sociaux. Cette remise en cause participe à la mentalité qui préside aux choix de ce gouvernement. En effet, à l'heure de la rationalisation, de la marchandisation, de la spécialisation et de la professionnalisation de l'accompagnement, une vigilance éthique s'impose pour éviter une survalorisation du geste technique, aux dépends de la qualité relationnelle. Dans les internats accueillant les personnes dépendantes, va-t-on devoir chronométrer le temps consacré à chaque personne au moment de la toilette ? Allons-nous être payé au nombre de RMIste réinséré ? Dans la prévention spécialisée de rue, allons-nous être rémunérés en fonction des chiffres de la délinquance ?
La stratégie poursuivie par le gouvernement consiste à multiplier les réformes et les chantiers afin de désorienter les forces d’opposition. Les travailleurs sociaux doivent se mobiliser, rester vigilant et ne pas accepter comme une fatalité ces multiples attaques contre leur profession. Il nous appartient de nous emparer de ce débat pour ne pas avoir à le subir.
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(1) La frénésie sécuritaire. Retour à l’ordre et au nouveau contrôle social – sous la direction de Laurent Mucchielli – ED. La Découverte.
Suite à la mobilisation du 26 mars 2008, devant la préfecture de Marseille, des délégations d'étudiants ont été reçues par le cabinet du préfet ainsi que par la DRASS/PACA.
Ces deux autorités ont promis de rendre compte à leur autorité de tutelle des difficultés des étudiants en travail social pour trouver des stages suite au décret du 31 janvier 2008 sur la gratification des stagiaires.
Si dans l'esprit la gratification des stagiaires est une avancée et une "petite" prise en compte de la précarité des étudiants, il n'en demeure pas moins que son application n'a pour le moins pas été anticipée. Il en ressort que la poursuite des formations est remise en cause. En effet, compte tenu de l'inertie des pouvoirs publics, les structures sociales et médico-sociales se sont radicalisées et ont clairement annoncé qu'elles suspendaient l'accueil de nouveaux stagiaires tant que l'état n'éclaircirait pas les modalités de financement.
L'état a bien tenté de refiler le bébé aux collectivités territoriales, mais là aussi, il semble que l'issue soit incertaine. Ainsi l'Assemblée des départements de France (ADF) affime "qu'il n'est pas question pour les départements de financer sur leurs deniers cette mesure qui relève de la formation initiale des travailleurs sociaux". Les régions, quant à elles, n'envisagent pas non plus de mettre la main au porte monnaie. Ainsi, l'Association des régions de France s'interroge sur la volonté de l'état à vouloir laisser pourrir la situation. (1)
Du coup, la mobilisation des étudiants est entrain de se radicaliser. Ainsi la coordination nationale qui s'est créée autour de cette problématique lance un appelle à plusieurs mouvements d'étudiants. La plus symbolique sera sans doute l'initiative du collectif Grand Nord qui envisage de rallier Lille à Paris à pieds, le 30 avril 2008.
Au-delà, nous pouvons nous interroger sur les réelles motivations de l'état. Nicolas Sarkozy l'a annoncé, le secteur social n'entre pas dans le champ de ses priorités. Il a été en effet plus prompt à trouver 15 milliards d'euros à offrir aux plus aisés alors qu'il semble plus délicat de trouver les 20 millions d'euros nécessaires au financement de ces gratifications.
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(1) Voir ASH n° 2553 du 11 avril 2008. p. 31-32.

Gratification des stages dans le travail social

Le Décret du 31 janvier 2008, pris en application de l'article 9 de la loi du 31 mars 2006 sur l'égalité des chances impose la gratification pour les stages en entreprise lorsque la durée du stage est supérieure à trois mois consécutifs.

Le décret du 31 janvier 2008 élargit le champ d'application de ces dispositions aux stages effectuées au sein d'une association, d'une entreprise publique ou d'un établissement public à caractère industriel et commercial, mais ne s'impose pas aux établissements publics administratifs et aux fonctions publiques.
La DGAS, dans une circulaire du 27 février 2008 impose cette gratification aux formations de niveau III du travail social (ES – ASS – EJE – ETS)

Le champ d'application du décret du 31 janvier 2008 reste défini par le décret initial du 29 août 2006 pris en application de la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 sur l'égalité des chances. Il vise les établissements d'enseignement supérieur délivrant des diplômes de l'enseignement supérieur. Jusqu'à présent, les établissements de formation en travail social n'étaient pas considérés comme des établissements de l'enseignement supérieur. Par conséquent, si les diplômes d'état de niveau III sont désormais considérés comme des titres de l'enseignement supérieur, il convient de les inscrire dans le système LMD. Par extension, ces diplômes devraient être validés au niveau BAC + 3 et non BAC + 2 comme c'est actuellement le cas.

Nous sommes conscients que ces dispositions sont une petite prise en compte de la précarité des étudiants, cette gratification s'élève actuellement à 398,13 euros par mois (12,5% du plafond horaire de la sécurité sociale).

Malheureusement, ce dispositif a été imposé sans concertation ni préparation avec les différents acteurs du secteur. En effet, aucun financement n'a été mis en place auprès des terrains de stage pour faire face à ces frais supplémentaires. La DGAS se contente de vaguement indiquer aux institutions sociales et médico-sociales que ces frais sont « un élément supplémentaire à prendre en compte dans la fixation des tarifs 2008.

Pour autant, aucune disposition n'a été prise pour aider les petites associations ne disposant pas de financements publics à faire face à ces frais. En outre, est-ce bien dans l'esprit d'une loi sur l'égalité des chances que de discriminer les étudiants effectuant des stages dans des établissements publics administratifs et aux fonctions publiques ?

Par conséquent, il appartient aux pouvoirs publics de rapidement débloquer les fonds nécessaires à la gratification de tous les stagiaires. De plus, dans un souci d'équité entre tous, ces fonds devraient être versés à un organisme gestionnaire tiers qui se chargerait de gratifier les stagiaires.

Enfin, pour qu'il y ait égalité de traitement, cette gratification devrait être versée à tous les stagiaires quels qu'ils soient : stagiaires du secteur public et privé, boursiers, allocataires ASSEDIC, apprentis ; sans aucune incidence sur leur éventuelle allocation ou bourse.
Initialement publié sur : http://didier-z.blogspot.com